Tribune. En avril, des attaques contre des pylônes de téléphonie mobile se sont multipliées au Royaume-Uni, des antennes ont été dégradées ou incendiées. Selon certains, le Covid-19 se propage grâce aux ondes 5G, dont les premiers déploiements ont commencé outre-Manche. Cette opinion n’est à ce jour fondée sur aucune étude scientifique un tant soit peu sérieuse. Ce qui n’a pas empêché le très légitime Institut national de la santé et de la recherche médicale de publier un communiqué de presse démentant tout lien connu à ce jour entre Covid-19 et ondes électromagnétiques. C’est dire à quel point ces éruptions anti-5G sont prises au sérieux par les organismes officiels et les gouvernements.
Si on ignore encore si le Covid-19 nous a été transmis par la chauve-souris ou le pangolin, il ne fait en revanche pas de doute que la 5G est d’origine humaine. Cela fait bien une dizaine d’années qu’ingénieurs et chercheurs s’activent à définir ce que sera la prochaine génération de téléphonie mobile. L’enjeu est de taille. Le consommateur sera gâté : il pourra télécharger un film HD en quelques secondes ; les films qu’il regardait en une qualité somme toute médiocre, il les visionnera en 8K ; il fera l’expérience du « temps réel » pour ses jeux vidéo ou ses immersions dans la réalité virtuelle.
Mais ce n’est pas l’essentiel. La 5G doit irriguer toute l’économie. Contrairement aux générations précédentes, la 5G a été conçue dès le départ pour répondre aux attentes de secteurs aussi divers que la santé, les transports ou l’énergie.
Partout, des terminaux, des capteurs, des robots, des véhicules, des drones communiqueront par ondes radio pour améliorer la productivité, développer de nouveaux marchés et recueillir à des fins de publicité et de marketing les traces numériques laissées par les consommateurs. Pas étonnant que M. Macron puisse affirmer sans barguigner, après avoir pris les précautions d’usage sur la nécessaire pédagogie à adopter, que « la France va prendre le tournant de la 5G ». Circulez, il n’y a rien à voir.
Dans cette logique de compétition internationale, il y a un pays qui a déjà pris ce tournant, c’est la Chine. A la charnière des années 2000, chez Alcatel, on raillait encore le nouveau venu des constructeurs de télécom, le chinois Huawei. On moquait son retard, on le soupçonnait à demi-mot de copier les technologies occidentales. Pourtant, le fleuron de l’industrie française, lui, souffre déjà. Il n’a pas su anticiper le tournant de l’Internet, même s’il a encore de bonnes positions en téléphonie mobile. Il a surtout pris de plein fouet le mouvement de libéralisation du secteur.
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