Louis Coppey est un de ces talents français que l’étranger s’arrache. Le jeune homme, qui nous « reçoit » par vidéo depuis sa cuisine remplie de cartons, a sa fiche dans le magazine Forbes, sur la liste 2019 des trente personnalités de moins de 30 ans qui comptent dans la finance européenne. Difficile de faire un CV plus brillant : en 2013, encore étudiant à l’école d’ingénieurs Telecom ParisTech, il intègre HEC, avant d’être recruté dans un des plus célèbres fonds de capital-risque français, Alven, à Paris. Il passe ensuite un an au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), à Cambridge (Etats-Unis). Il est aujourd’hui associé au très réputé fonds de capital-risque Point Nine, à Berlin, spécialiste du financement des start-up à un stade précoce.
Avec un tel parcours, il aurait pu travailler dans n’importe quel campus de la Silicon Valley. Il a préféré la capitale allemande, où il travaille depuis quatre ans pour Point Nine. « Je n’ai pas aimé San Francisco, la culture alternative y est devenue inexistante. J’ai été choqué par la misère qui saute aux yeux dans le centre-ville, totalement en décalage avec les salariés très bien payés des boîtes technologiques », raconte-t-il.
Son discours en dit long sur l’attractivité de la capitale allemande pour les jeunes talents nés dans les années 1990. Non seulement la ville est désormais en mesure de s’aligner sur la concurrence du point de vue des salaires, mais l’écosystème de start-up offre de nombreuses opportunités. Un pari inimaginable il y a dix ans, où Berlin la bohème était vue comme une impasse de carrière pour les jeunes diplômés.
Codes renouvelés
« A Berlin, il y a une incroyable diversité des origines, on y rencontre très vite beaucoup de gens très différents », constate Louis Coppey. Son histoire d’amour avec la ville est presque un cliché : en 2015, dans sa colocation berlinoise, il rencontre le fondateur d’OptioPay, une fintech qui vient alors de boucler un tour de financement de 2,5 millions d’euros. Louis en devient un des premiers salariés, et y reste six mois. Après son passage au MIT, il saisit la première possibilité de retourner en Allemagne. « Aujourd’hui, à Berlin, on est payé aussi bien qu’à Paris, les appartements sont 30 à 40 % moins chers et tout le monde parle anglais ! », résume-t-il.
Mais ce n’est pas l’essentiel. « La ville offre surtout une qualité de vie incomparable. Il y a une vitalité culturelle très forte. Dans un même week-end, on peut assister à un petit concert de jazz à Neukölln, à un concert classique à la Philharmonie et à une soirée techno dans l’est de Berlin. Toute cette offre est facile d’accès, ouverte, abondante », s’enthousiasme-t-il… en espérant que cela dure. « Par rapport à Paris, on a l’impression que Berlin renouvelle ses codes en permanence, ce qui fait que chacun peut y trouver sa place rapidement. Cette diversité se retrouve aussi chez Point Nine : les associés sont de quatre nationalités différentes, nous avons investi dans 29 pays en dix ans ! »
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