Coworking, covoiturage, coliving… On peut reconnaître les entreprises de l’économie du partage à ce petit préfixe, « co ». Leur principe : mutualiser les biens et les services. Plusieurs sociétés emblématiques de ce secteur sont nées dans le sillage de la crise financière de 2008. WeWork, le géant américain des espaces de travail partagés, a surfé sur les vagues de licenciements qui ont alors frappé les Etats-Unis pour attirer dans ses locaux d’anciens salariés décidés à s’installer à leur compte. Les fondateurs d’Airbnb, eux, se sont dit qu’il serait facile de gagner un peu d’argent en mettant en location un couchage dans le salon de leur appartement de San Francisco. Le succès rencontré par l’initiative leur a donné l’idée de voir plus grand.
Douze ans plus tard, c’est un autre « co » qui ébranle ces entreprises : le Covid-19. L’épidémie et les mesures de confinement qui l’ont accompagnée ont brutalement freiné la dynamique de ce secteur. « L’activité a été quasiment au point mort », reconnaît Emmanuel Marill, directeur d’Airbnb France. D’ores et déjà, la plate-forme de location de logements anticipe une division par deux de ses revenus en 2020, et devrait repousser son entrée en Bourse, prévue cette année. Les espaces de coworking sont restés vides, leurs clients ayant, dans leur grande majorité, préféré télétravailler. Même constat pour les courses effectuées par les chauffeurs Uber, qui ont fondu de 80 % au mois d’avril.
Conséquence de cette mauvaise passe, l’entreprise américaine a décidé, en mai, de se séparer d’environ un quart de ses employés, soit près de 7 000 personnes. Objectif : réduire ses coûts fixes de 1 milliard de dollars (885 millions d’euros). Même cure d’austérité chez Lyft (un millier de licenciements, 17 % des effectifs) et Airbnb (1 900 licenciements, 25 % des effectifs).
Les géants de la « sharing economy » sont confrontés à un réel défi pour retrouver la confiance de leurs clients
Malgré les mesures prises par ces sociétés pour rassurer les consommateurs – limitation du nombre de passagers dans les VTC, nouveau protocole de nettoyage des biens mis en location sur Airbnb (même si celui-ci n’est pas contrôlé par l’entreprise), signalétique pour favoriser la distanciation chez WeWork… –, les géants de l’économie du partage sont confrontés à un réel défi pour retrouver la confiance de leurs clients.
Steve Barr, du cabinet PwC, qui prédisait avant la crise que ce secteur pourrait générer 335 milliards d’ici à 2025 redoute désormais « un changement très net du comportement des consommateurs ». Tant que les inquiétudes sanitaires persistent, difficile d’imaginer les particuliers partager voitures, appartements… avec autant d’insouciance qu’avant.
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