Champollion : déchiffrer les plis du cerveau et en comprendre la signification
mercredi 2 juillet 2025
source Shutterstock via Les Échos
Et si notre cerveau cachait un langage encore inconnu ?
À première vue, les plis de notre cortex ressemblent à un chaos organisé. Mais s’ils formaient en réalité un langage, codé dans la géographie intime de notre cerveau, et unique à chacun de nous ? Un langage porteur d’indices sur notre santé cérébrale future.
Comme l’égyptologue Jean-François de Champollion qui, à partir de 1821, déchiffra les hiéroglyphes grâce à la pierre de Rosette, les chercheurs et chercheuses veulent concevoir une IA capable de décoder ce langage cortical.
Leur Rosette ? Un trésor scientifique : 100 000 IRM multimodales du cerveau humain, à tous les âges de la vie, associées à des données génétiques, comportementales et cliniques désormais accessibles à grande échelle.
L’objectif : établir un dictionnaire des motifs du plissement cortical – ces sortes d’idéogrammes cérébraux – pour mieux comprendre leur rôle, et surtout détecter d’éventuelles anomalies architecturales locales, bien plus fréquentes chez les personnes atteintes de troubles neurodéveloppementaux.
Car ces variations, souvent invisibles à l’œil nu, pourraient être les marqueurs précoces de certaines pathologies.
En les identifiant suffisamment tôt, il serait possible d’anticiper les risques pour chaque individu, affiner les diagnostics, et envisager des prises en charge préventives personnalisées.
L’Audace de ce projet ?
« La plupart des neuroscientifiques considèrent que les plis du cortex sont une astuce de la nature pour augmenter nos capacités cognitives sans changer la taille de notre boîte crânienne. Pour eux, les sillons corticaux constituent une carte routière pour se repérer dans le cortex, mais leurs variations ont peu de chance d’avoir un sens, elles résultent juste du côté chaotique de la dynamique du plissement. L’histoire de la phrénologie, la pseudoscience des bosses du crâne, les conduit à considérer notre projet comme une autre pseudoscience similaire à la chiromancie. Notre conviction que des anomalies du plissement cortical pourraient éclairer l’origine développementale d’un grand nombre de pathologies, bien au-delà de l’épilepsie, est tout sauf consensuelle » précise Jean-Francois Mangin, co-porteur du projet.
C’est l’ambition d’Audace ! Soutenir les intuitions qui semblent trop risquées pour les circuits de recherche classiques, mais qui pourraient transformer notre compréhension du vivant.
Et si les plis de notre cerveau cachaient un code à décrypter pour mieux nous soigner demain ?