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Les intelligences artificielles peuvent-elles lutter contre l'évasion fiscale ? (France Culture)

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Des chercheurs s’intéressent à évaluer la capacité de raisonnement juridique de modèles d’IA dans l’idée, à terme, de pouvoir utiliser ces outils pour trouver des failles du droit.
Le test SARA (StAtutory Reasoning Assessment) est développé par une équipe de chercheurs autour de Nils Holzenberger, enseignant-chercheur à Télécom, sur la base du droit fiscal américain. La fiscalité est particulièrement intéressante pour tester les intelligences artificielles, car l’issue des affaires peut être ramenée à un chiffre – le montant des impôts qu’un ménage doit payer, par exemple – tandis que l’issue d’affaires juridiques d’autres domaines est bien plus complexe à appréhender.

SARA, d’abord test unique, est désormais intégré à un projet plus global : Legal Bench. Outre l’intérêt d’évaluer les performances des machines dans une tâche précise, l’idée des chercheurs est la suivante : si une intelligence artificielle est capable de raisonner avec le droit, elle pourrait nous aider à en trouver les contradictions ou les failles que des personnes malveillantes pourraient vouloir exploiter. Cela permettrait alors, par exemple, de limiter l’évasion fiscale.

 

On observe très régulièrement, surtout aux États-Unis, que des entreprises trouvent le moyen de combiner deux lois n’ayant en apparence aucun rapport pour créer une astuce ou une faille dans le droit fiscal, permettant de payer moins d’impôts voire aucun. Ces lois sont écrites à des décennies d’intervalle ; les rédacteurs n’ont pas forcément connaissance de toutes les lois écrites précédemment.
C’est ici qu’une intelligence artificielle peut être utile car, contrairement aux juristes, elle a beaucoup plus de temps et peut lire l’intégralité de toutes les lois écrites, donc potentiellement trouver des combinaisons un peu « astucieuses ».
L’objectif que je me donne dans ma recherche est de déceler ces combinaisons avant qu’elles ne soient exploitées, et même pourquoi pas dans l’idéal, aider le législateur.
Nils Holzenberger

 

Et aussi : Les prouesses des agents conversationnels fascinent mais comment évaluer leurs performances ? C’est le rôle qu’endossent désormais les « benchmarks » (podcast La Science CQFD, sur France Culture)

 

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