Comment la vente de SFR bouleverserait le marché des télécoms (Alternatives Économiques, Libération)
dimanche 12 octobre 2025
Image d’entête source Freepik
[…] Véritable inquiétude en cas d’un partage de SFR entre les trois autres opérateurs : une possible hausse des prix des abonnements qui affecterait l’ensemble des consommateurs. « Avec l’arrivée d’un quatrième opérateur, Free Mobile, sur le marché français en 2012, les prix avaient baissé grâce à la pression concurrentielle », rappelle Marc Bourreau, économiste à Télécom Paris.
[Concernant les services professionnels BtoB] cette nouvelle répartition « ne serait pas une mauvaise chose » dans la mesure où elle « permettra potentiellement à trois opérateurs de monter en puissance sur ce marché », aujourd’hui concentré dans les mains de deux entreprises : Orange et SFR. Il note cependant que sur ce secteur, qui recouvre à la fois les lignes fixes et mobiles mais aussi des solutions de cybersécurité ou de cloud, les opérateurs français font face à une rude concurrence de la part des entreprises de la tech américaine.
Se pose aussi la question, potentiellement explosive, des sous-traitants. L’écosystème des opérateurs repose largement sur leur intervention à tous les niveaux (installation des lignes, service client et support) et SFR ne fait pas exception. Avec un opérateur en moins, l’activité est fatalement amenée à se réduire pour ces entreprises, d’autant que selon Marc Bourreau, «on va bientôt
s’approcher de la fin du déploiement de la fibre en France». […]
[…] Et aussi : « L’effet de l’arrivée de Free sur le niveau d’investissement du secteur est plus ambigu [que le taux de couverture fibre], car on ne compare pas les mêmes situations » , tempère Marc Bourreau. En effet, la hausse des dépenses est principalement portée par le déploiement (très coûteux) de la fibre, qui est plutôt le résultat d’une politique publique que d’une compétition entre entreprises. […]
La face cachée de la guerre des prix, ce sont en effet la réduction des revenus des opérateurs à la suite de l’arrivée de Free et leur stagnation ensuite. Ce n’est que depuis 2020 qu’ils augmentent à nouveau légèrement, mais sans avoir retrouvé leur niveau de 2010. Qui dit recettes en baisse, dit marges réduites. Tous les postes de dépenses sont alors passés à la paille de fer. « Comme le marché français est très concurrentiel, les opérateurs cherchent à tout prix à réduire leurs coûts, donc cela passe par de l’externalisation et un contrôle, voire une réduction de la masse salariale » , confirme Marc Bourreau. […]