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Alicem est un «bon exemple de controverse publique» (Nextinpact)

Alicem est un «bon exemple de controverse publique» (Nextinpact)
Co-titulaires de la Chaire Identité Numérique Responsable, consacrée aux « vecteurs de confiance d’une identité numérique », Laura Draetta, maître de conférences en sociologie, et Valérie Fernandez, professeur d’économie, qualifient Alicem de « bon exemple » de « controverse publique portant sur ses qualités technologiques, ses dérives potentielles et sa régulation, ce qui lui a valu une mise en pause temporaire pour dissiper les incertitudes ».

Dans un article intitulé « Application Alicem : un système d’authentification numérique controversé », elles estiment que la méthode française, consistant à « « éduquer » le public, dont la défiance face à certaines innovations serait liée à un manque d’(in)formation », a « toute sa place pour cadrer les décisions en situation d’absence de controverse ou de faible mobilisation des opposants », mais qu’« elle perd sa pertinence lorsque la technologie est controversée : une évaluation technologique focalisée exclusivement sur l’expertise savante risque de ne pas intégrer l’ensemble des préoccupations sociales, éthiques ou politiques liées à l’innovation, et donc de ne pas arriver à « rationaliser » le débat public » : […]

« S’aventurer dans une innovation technologique sans implémenter la participation des publics en amont du développement rendrait sans doute le processus plus rapide, mais au prix de sa légitimation voire d’une perte de crédit de confiance pour ses promoteurs. »

L’expérimentation d’Alicem s’étant « focalisée plus sur l’amélioration des qualités techniques de l’application que sur la prise en compte de ses dimensions à portée sociopolitique (risque d’atteinte aux libertés et de perte d’anonymat, etc.), lorsque l’affaire est arrivée dans les médias, c’est par un amalgame des cas d’usage de technologies de reconnaissance faciale et sur un registre argumentatif anxiogène (« surveillance », « technologie liberticide », « Chine », « crédit social »…) qu’elle a été présentée ».

 

L’«inacceptabilité» de cette technologie émergente représente certes une menace pour ses promoteurs ou un frein à son adoption et diffusion, mais elle est surtout révélatrice d’un déficit de confiance en l’État, par-delà la réalité des qualités intrinsèques de l’innovation elle-même.
Laura Draetta et Valérie Fernandez